Comme le souligne Arol Ketchiemen dans son livre « les icônes de la musique », Manu Dibango est sans aucun doute le musicien camerounais le plus connu au monde. Aussi, dans d’autres mesures, le musicien africain le plus productif et le plus constant de ces cinquante dernières années. Le tournant de sa carrière, il le doit à sa fougue et sa passion, et surtout à sa créativité. En 1972, alors que le Cameroun va organiser sa première Coupe d’Afrique des Nations, c’est Manu Dibango lui-même qui s’en va proposer ses services auprès du Ministre des Sports. Son pitch va trouver un bon accueil auprès de ce dernier qui va lui remettre une somme de 1.000.000 FCFA de l’époque afin de composer ladite musique en guise d’hymne pour la CAN.
Manu Dibango va composer « Soul Makossa » qui deviendra non seulement l’hymne de la CAN 72, mais le plus gros tube de sa carrière et même de l’Afrique à cette période-là. La musique de Manu Dibango commence à prendre une autre dimension et l’artiste vient de statuer sur son positionnement, il est un artiste d’élite, dont la musique accompagne les Nations, les grands rendez-vous sportifs… Ce n’est plus seulement un simple artiste, c’est une marque.
Dans les années 70, les premières Toyota font leur entrée au Cameroun par l’entremise de Paul Monthe, un grand homme d’affaires qui exerçait dans l’import-export et était proche du président Ahidjo. En 1979, alors que le nom Manu Dibango et sa musique s’étaient déjà installés dans l’esprit de tous les camerounais et de l’Afrique entière, Toyota va se rapprocher de l’artiste pour le lancement de la Toyota Corolla.
Manu Dibango va composer un 45T, une chanson promotionnelle de près de 4 minutes, qui deviendra un tube inattendu. Dans cette chanson entrainante et qui emballe, on retient rapidement le claim qui est « Ma Toyota est fantastique, oh oui », « Ma Toyota est fantastique ». Et même quand on entend Manu dire « Kossa Makossa, Ma Toyota, Ma Corolla », ça ne sonne pas comme un placement de produit, mais comme un slam à la modernité
Dans ces années-là, la ville de Douala vibrait au rythme de la chanson Toyota de Manu Dibango. Lui, il arpentait les rues de cette ville nouvelle au bord de sa Corolla mise à disposition par la firme, il en était véritablement le porte étendard. Il vivait ce qu’il chantait, il consommait ce qu’il recommandait à travers sa musique et sa personnalité.
Rouler en Corolla à cette époque était un signe d’évolution, un signe extérieur de réussite, un besoin d’appartenance, une aspiration à devenir soi-même un bout de Manu Dibango. Et l’aspect Marketing était réussi, avec des campagnes agressives dans Cameroon Tribune, à la Radio, etc. Le slogan de la campagne était « Roulez plus et consommez moins ».
Cette campagne entre Manu Dibango et Toyota est non seulement la première du genre au Cameroun, mais assurément la plus importante de toute l’histoire de l’endorsement. Une campagne réussie à 100%: le bon timing, le bon produit, la bonne personnalité, la bonne musique, la bonne accroche.
Leonora Miano ‘‘Tu as mis dans ce morceau, la même exigence, la même créativité, la même chaleur, que tout ce que tu nous as offert’’
Rebecca Enonchong : ‘‘Les anciens se souviennent. We all got up to dance to this Toyota ad by #ManuDibando’’
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