Nous avons eu la chance exceptionnelle de rencontrer le légendaire Sam Mbende afin d’échanger avec lui pour obtenir des informations exclusives au sujet de sa collaboration avec les Nouvelles Brasseries Africaines (NOBRA). Nous étions alors ce 17 avril à la piscine de l’hôtel Sawa à Bonanjo en sa compagnie.C’est un homme debout, en parfaite forme, très amical et participatif que nous avons rencontré ce soir là.. En arpentant les couloirs de cet hôtel historique, chargé de mémoires et d’émotions, Sam Mbende se faisait arrêter à chaque étape. Ici pour saluer un fan, ici pour échanger avec la femme de la réception, celle d’une boutique d’art, le vigile qui lui rappelle qu’il a bien reçu son cadeau, et enfin le directeur de l’hôtel avec qui il parle de tout et surtout de vision. Ce que Sam Mbende lui disait, c’est « toujours laisser quelque chose », une trace, un héritage.
Sam Mbende sait de quoi il parle, car on dit de lui qu’il était un véritable visionnaire, un brillant musicien et intellectuel. Il a étudié l’arrangement des harmonies musicales, obtenu une licence en droit, un diplôme en philo et également en Droit d’auteur. Il est à juste titre le porte flambeau des droits des artistes au Cameroun. De la CMC, à la SOCAM, passant par le PACSA, il aura passé le clair de sa carrière à adoucir les cœurs et à chercher à enrichir les auteurs et compositeurs.
Son héritage est avant tout sa musique, et c’est en 1986 que le grand public découvre ce personnage totalement romantique sur l’album « NOBRA MAKOSSA », une œuvre destinée aux Nouvelles Brasseries du Cameroun. Pour la critique, la chanson n’a pas eu de grand succès, mais comme Sam Mbende nous l’explique, la chanson n’y était pas destinée. Contrairement aux autres artistes qui ont chanté pour les marques et continuaient à vendre leurs œuvres au public, lui sa chanson était une œuvre de commande. C’était la propriété de Nobra et de leur côté ils n’avaient pas le droit de promouvoir la chanson, ou alors de l’exploiter.
A la question de savoir comment est-ce que cette collaboration est née, il nous explique que c’était une idée géniale de son producteur Yves Yopa. Ce dernier lui a proposé de composer une chanson pour NOBRA, et il a injecté beaucoup de moyens pour la production de ce 45 Tour géant, dans les plus grands studios en Belgique. Selon Sam Mbende, c’était la première fois qu’un camerounais composait une chanson pour une grande entreprise au Cameroun. C’était d’ailleurs la première campagne publicitaire de NOBRA qui s’était déclinée à 360 degrés : une chanson, des affiches, des spots TV et radio, des activations sur le terrain. Un véritable coup de pouce pour le premier et le principal concurrent de SABC à l’époque.
Pour Sam Mbende, l’idée n’était pas vraiment de gagner de l’argent; cette chanson était d’abord une œuvre patriotique. Avoir une société brassicole avec les capitaux locaux était déjà une fierté nationale. Le camerounais Pierre Tchanque en était le propriétaire. L’artiste nous fait comprendre qu’à cette époque, ils étaient accros à tout ce qui était local, et pour que les camerounais connaissent bien cette initiative, ils ont décidé de l’accompagner avec cet album. C’était quelque chose de novateur.
Sam Mbende confie qu’il y avait effectivement un deal avec NOBRA pour cette chanson, mais qui était négocié et géré par son producteur. Il dit avoir reçu quelques virements issus de ce contrat, mais toutes les échéances n’avaient pas été respectées par la société brassicole. Pour l’histoire, NOBRA qui avait pour slogan publicitaire à son lancement « à la force de nos bras », sera finalement absorbé par la SABC, filiale du groupe français Castel.
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