Dans le hip hop, bien avant Stanley Enow, il y a eu Le Bantou Pôsi. Ce groupe de jeunes rappeurs camerounais qui a fait les heures de gloire du Hip Hop dans les années 90. Leadé par la voix sans pareille de Final D et épaulé par Feros et Guchi, ce trio a imposé un style et une vibe durant plusieurs années. A une époque où le rap était encore considéré comme une musique de voyous, le Bantou Pôsi a fait danser et chanter plusieurs générations à la fois. Leur musique a fait vibrer les cœurs de nombreuses marques, à l’instar de PMUC.
Comme nous l’informe Feros, la collaboration entre le Bantou Posi et le PMUC démarre en 1998 par le moyen de Serges Pouth, animateur à l’émission « TAMBOUR » à la FM 105, CRTV Douala. L’émission est sponsorisée par PMUC et le groupe y est invité pratiquement tous les dimanches. Au milieu de leurs nombreux auditeurs, se trouve le PCA de PMUC qui est fan de leur musique et leur propose une collaboration avec la marque. L’idée pour le départ était de composer une chanson pour le PMUC et leur proposer pour appréciation. C’est ainsi qu’ils sont entrés en studio. Ils enregistrent la chanson « jouer quinté » et elle est proposée à Monsieur André Giacomoni qui valide sans broncher et invite le groupe à le rencontrer pour les debriefs.
Ainsi démarre la collaboration, monsieur Giacomoni jète son dévolu sur le Bantou Pôsi ; au-delà du côté professionnel, il prenait ces jeunes comme ses propres enfants. Il impliquait le groupe partout et leur faisait totale confiance pour l’accompagnement de sa marque. Comme le souligne Feros, « à chaque fois qu’il fallait une chanson pour un nouveau produit du PMUC, il nous proposait le texte et nous on rendait les mélodies, ensuite on allait au studio enregistrer. Nous avons enregistré 7 à 8 chansons du PMUC, le grand Petit Pays était en tête ensuite nous ». Il ajoute que « à chaque concert, évènement sponsorisé par le PMUC, nous étions alignés pour prester et on ne manquait de rien ».
Il parle ici de plusieurs aspects, car monsieur Giacomoni mettait à leur disposition les moyens pour qu’ils soient encadrés sur le plan artistique, comment se manager, et partout où le besoin se faisait sentir. Quand il dit qu’ils ne manquaient de rien, il pèse bien ses mots. Il nous informe que « Monsieur Giacomoni nous donnait plus que ce qu’on attendait dans les dégagements et on ne peut pas évaluer ce qu’il nous donnait ». Nous comprenons par-là que ce n’était plus seulement un sponsoring mais c’était aussi du mécénat. Car lors de la sortie du premier album du groupe, le mécène va les appuyer et aussi leur donner de l’argent chaque mois pour le loyer, la nutrition et surtout pour ne pas vivre une vie misérable et aller chanter partout pour des cachets de misère.
Nous nous souvenons que cet endorsement était du jamais vu à cette époque pour la culture hip-hop, et encore ahurissant que ce soit avec une aussi grosse marque que PMUC. Ils ont fait aussi beaucoup d’envieux et de nombreux maldisants. Feros le confirme en disant que « la majorité des jeunes trouvaient cela irréel et pensaient plutôt que nous étions entrés dans les couloirs compliqués. C’étaient pourtant notre originalité et notre talent qui étaient les pièces maîtresses de cette collaboration sincère et digne ». Mais il y avait aussi ceux qui ont pris cette percée comme un exemple à suivre. Les rappeurs ont commencé à changer leur style, à devenir de plus en plus afro afin d’avoir une identité propre à nous.
Cette collaboration qui a véritablement eu de l’impact sur le hip hop et la jeunesse camerounaise a aussi fait beaucoup de bien à la marque. Il faut rappeler que le groupe avait déposé un premier dossier Marketing au PMUC pour encadrer la collaboration en 1999, mais sans suite, car Théophile Mbouma qui était le manager du groupe à l’époque à brusquement quitté le Cameroun. L’année suivante, un autre dossier a été déposé et il a été validé. Il fallait s’allier à un producteur de poids pour produire une musique de qualité, vendable, potable, consommable. C’est alors que le groupe a décidé de travailler avec Tom Yoms pour leur premier album « Charabia » qui va sortir en 2001. On n’oubliera jamais des titres comme « Jameyi » ou « Nikeles » qui sont de véritables classiques de la musique camerounaise.
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